Projet d’aménagement d’un kilomètre de créneau de dépassement, sur la RN 151 entre Issoudun et Charost : un non sens économique et écologique
Une concertation est ouverte du 13 septembre au 15 octobre concernant ce projet d’aménagement : http://www.centre-val-de-loire.developpement-durable.gouv.fr/dossier-de-concertation-rn-151-issoudun-charost-a3829.html .
La longueur maximale de dépassement serait au maximum d’un kilomètre deux cent cinquante et la longueur totale de l’aménagement ferait, elle, environ deux kilomètres.
Le coût prévisionnel serait de 8 millions d’euros.
D’après la Dirco ( Direction interdépartementale des Routes Centre-Ouest ) qui porte ce projet pour l’Etat, ce créneau de dépassement répondrait notamment à des objectif « de fluidité du trafic » et « de sécurité, en donnant la possibilité aux automobilistes de doubler sans risque » .
L’argument est particulièrement faible
1- il existe sur cette route nationale une limitation de vitesse à 80km/h : si donc le créneau de dépassement permettait par chance de doubler un ou deux camions ce serait pour que l’automobiliste se retrouve ensuite derrière d’autres camions circulant à la même vitesse que les voitures.
2- l’accidentologie sur cette portion de route entre Issoudun et Charost est qualifiée de « très faible » par la DIRCO elle-même
Par contre les conséquences négatives seraient lourdes
- La principale serait la stérilisation d’une dizaine d’hectares de terres agricoles pour bitumer les deux kms de doublement de la RN151 et réaliser les quatre à dix kms (selon les scénarios) de « voies de rétablissement » pour engins agricoles et « désenclaver » les fermes et hameaux… enclavées par la réalisation du créneau de dépassement. Il est à noter que la mesure de cette artificialisation n’apparaît pas dans le dossier de concertation.
Dépenser 8 millions d’euros pour ce projet apparaît donc comme un non sens économique et écologique.
Affirmer comme le fait le dossier de concertation que « la réalisation du futur créneau
de dépassement entre ces deux communes va constituer un élément fort
d’aménagement de ce territoire » relève d’une conception dépassée conduisant plutôt au déménagement du territoire qu’à son aménagement équilibré. L’expérience des dernières décennies dans l’Indre prouve bien que l’augmentation des surfaces bitumées et bétonnées est loin d’être un gage de développement ou de maintien de l’emploi : alors que l’artificialisation a encore augmenté dans notre département de 0,2% en moyenne par an de 2012 à 2016, la population, elle, y a encore baissé de 0,6% par an ! ( https://www.insee.fr/fr/statistiques/5057212)
Au delà, l’obstination à développer à tout prix le réseau routier est globalement en contradiction avec les engagements pris par la France tant en ce qui concerne la lutte contre le dérèglement climatique qu’avec la préservation de la biodiversité.
Les 8 millions d’euros seraient beaucoup plus utiles pour encourager la transition écologique dans nos territoires par exemple pour y améliorer la protection des captages et des réseaux d’eau potable.
L’enjeu essentiel concernant la RN151aujourd’hui serait plutôt de voir comment y réduire la circulation des camions entre Châteauroux et Bourges : ne devrait-on pas les obliger à prendre les autoroutes A20 et A71 afin de sécuriser ce parcours et d’éviter particulièrement la traversée de communes comme Charost , en particulier la nuit ?
Le seul point du projet qui pourrait correspondre à un réel besoin de sécurisation concerne l’aménagement du carrefour entre la RN151 et la RD9A (entrées de Saint-Georges sur Arnon et d’Avail), associé dans le dossier, mais distinct de l’aménagement du créneau de dépassement. Malheureusement le choix d’y réaliser d’un « double tourne à gauche » ne semble pas répondre lui non plus aux réflexions engagées par les élus et la population localement.
EELV se prononce donc très clairement
- contre ce projet totalement dépassé de « créneau de dépassement »,
- pour la réaffectation des financements vers des projets locaux de transition écologique et de développement local.
Nous demandons aussi que l’Etat écoute les élus et les habitants directement concernés en vue d’un réaménagement sécurisé du carrefour avec la RD 9A.
Pour les bureaux d’EELV-18 et d’EELV-36
Catherine Menguy et Jean Delavergne
le 10/10/2021