La Chambre d’agriculture : des pesticides encore plus près des habitations !

Pendant le confinement, la Chambre d’agriculture veut pouvoir pulvériser des pesticides encore plus près des habitations.

Avec le confinement généralisé pour cause de coronavirus, les habitants de l’Indre se sont inquiétés du sort des producteurs agricoles de notre département et se sont largement mobilisés pour leur apporter un soutien massif dans l’établissement et le bon fonctionnement des circuits courts afin de permettre l’écoulement des productions locales.

Pendant que l’essentiel de l’attention de tous est concentré sur la crise sanitaire, on découvre que la chambre d’agriculture de l’Indre a engagé une consultation publique concernant une charte d’engagement visant « à favoriser le dialogue entre les habitants, les élus locaux et les agriculteurs et à répondre aux enjeux de santé publique liés à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques en agriculture, particulièrement à proximité des lieux habités ». Il n’est pas acceptable que la situation actuelle soit mise à profit par les autorités pour faire passer en toute discrétion des dérogations plus que contestables à la réglementation en vigueur.

Nombreux sont nos concitoyens qui s’inquiètent à juste titre de la dangerosité des pesticides, souhaitent la réduction de leur utilisation –c’est loin d’être le cas malheureusement quand on constate l’accroissement persistant de la consommation de pesticides par les agriculteurs– et souhaitent que les épandages se fassent le plus loin possible de leurs habitations, des écoles, des lieux publics…

Alors que de nombreux maires avaient pris des arrêtés anti-pesticides sur leur commune en décembre 2019, le Gouvernement a fixé des distances d’éloignement minimales, incroyablement insuffisantes, pour les épandages à proximité des habitations. Non content de se moquer des craintes largement exprimées par nos concitoyens, le Gouvernement a également prévu que ces distances minimales puissent être encore réduites à l’issue de la mise en place de chartes d’engagement dans chaque département.

Pour ne pas arriver à un abandon de la santé publique en rase campagne, au profit des seuls agro-industriels, la seule précaution prévue était que cette charte d’engagement, à l’initiative des chambres d’agriculture départementales, fassent l’objet d’une vraie concertation avec les habitants et les élus locaux.

Cette concertation est largement engagée, depuis le 30 mars, et s’achèvera le 30 avril.

De fait, cette concertation n’est accessible qu’en ligne depuis le site de la chambre d’agriculture de l’Indre, et il faut y regarder attentivement pour la découvrir. Elle a certes fait l’objet d’une annonce officielle dans le quotidien local sous la forme de quelques lignes discrètes et, si vous n’êtes pas lecteur de ce quotidien en version papier, tant pis pour vous : l’annonce n’est pas trouvable en ligne ! La Commission nationale du débat public invitait pourtant, le 1er avril, « à suspendre les concertations car le 100 % numérique ne permet pas à tous de participer ».

Que peut-on penser d’un tel simulacre de concertation qui sort au moment vraiment le plus propice pour un « dialogue entre les habitants, les élus locaux et les agriculteurs » : en pleine période de confinement lié à la crise sanitaire COVID-19 ?

Pourquoi une telle précipitation dans l’engagement de cette fausse concertation alors que les nouvelles règles d’éloignement des épandages de pesticides viennent à peine de sortir ?

Très simplement parce que le ministre de l’Agriculture veut permettre au plus tôt de réduire au strict minimum les distances d’éloignement. Si vous êtes confinés et que vous habitez à côté d’un champ de céréales ou de colza, peut-être aurez-vous l’occasion de voir les épandages de pesticides s’arrêter à… 3 mètres de votre habitation.

Nous demandons au Préfet de l’Indre de refuser la réduction des distances d’éloignement déjà très insuffisantes, et si vous ne voulez pas qu’à la crise sanitaire du COVID-19 succède une dégradation de notre santé à cause des épandages de pesticides, alors faites part de vos réactions sur le site internet prévu pour la « concertation » :

https://www.enquetes-publiques.com/Enquetes_WEB/FR/DEPOSER-E.awp?P1=EP20146

 

Groupe EÉLV 36

13 avril 2020