SYTOM de Châteauroux : vers quelle méthanisation ?
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Pour remplacer l’usine de compostage des déchets humides, usine qui n’a jamais fonctionné correctement, le SYTOM de Châteauroux a opté, nous dit-on, pour une nouvelle « unité de séparation de phases ». ( https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/commune/le-poinconnet/a-chateauroux-les-dechets-seront-transformes-en-biogaz)
Il s’agit en fait par un procédé de Tri-Mécano-Biologique (TMB) de produire « une pulpe » en principe destinée à des installations de méthanisation… qui n’existent pas encore, ….qui devraient être spécialement autorisées pour accueillir ce type de déchets, … dont le fonctionnement serait coûteux… et qui ne sont pas prévues d’être développées par le SYTOM lui-même.
Certes une méthanisation bien faite alimentée avec des déchets végétaux, des effluents d’élevage, ….peut produire d’un côté du biogaz et d’un autre côté des digestats qui peuvent servir d’amendement en agriculture. Et la fraction fermentescible des ordures ménagères peut y être intégrée.
Mais il faut pour cela chercher à éviter au maximum la contamination des matières organiques par les produits polluants voire toxiques qui peuvent s’y trouver et seul un tri préalable par les usagers de leurs déchets alimentaires peut le permettre .
D’ailleurs, la loi de 2015 dit qu’il faut éviter « la création de nouvelles installations de tri mécano-biologique d’ordures ménagères résiduelles n’ayant pas fait l’objet d’un tri à la source des bio-déchets » et qu’en conséquence les TMB ne feront « plus l’objet d’aides des pouvoirs publics. ».
La loi précise en outre qu’avant 2025, chaque citoyen doit avoir à sa disposition une solution lui permettant de ne pas mélanger ses bio-déchets aux ordures ménagères résiduelles soit en les collectant de manière séparée soit en permettant un compostage de proximité.
Le traitement mécanique prévu à Châteauroux prétend, lui, au contraire, séparer les matières fermentescibles du reste des déchets collectés dans les même sacs. Or il n’est pas possible ainsi d’éviter que la matière organique soit contaminée par différents toxiques avec lesquelles elle reste en contact pendant plusieurs jours. On ne peut donc pas obtenir une méthanisation et du digestat de qualité (susceptible d’être utilisé en agriculture) à partir d’une collecte d’ordures mélangeant des produits fermentescibles avec des couches, des sacs d’aspirateur, des plastiques et autres emballages souillés, des piles, des aérosols,… comme c’est encore le cas aujourd’hui dans les sacs «d’humides » collectés par le Sytom.
On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure la « pulpe » produite de cette façon trouvera réellement un débouché dans des installations de méthanisation ni quel débouché trouvera la partie résiduelle. Il y a donc un risque certain qu’une pulpe contaminée ne puisse finir en réalité qu’en décharge, comme cela va d’ailleurs déjà être le cas pour les déchets humides non traités de 2019 à 2021.
Mais entre temps plus de 10 millions d’Euros auront été dépensés. Se lancer dans de tels projets sans avoir fait au préalable une analyse fine non seulement des coûts d’investissement mais aussi de ceux de fonctionnement n’est-il pas susceptible de réserver de très mauvaises surprises pour le prix qui sera à payer au final par les habitants ?
Pour finir rappelons que le déchet le plus facile à traiter c’est celui que nous ne produisons pas. Or, à notre connaissance, il n’existe pas dans l’agglomération de Châteauroux de programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA) au sens du décret de juin 2015 qui l’a rendu obligatoire. Là encore la marge de progression du Sytom et de l’agglomération de Châteauroux sont fortes.
Pour EELV : Muriel Beffara et Jean Delavergne
17/05/2019