Vendredi dernier, le Département a approuvé son nouveau schéma départemental d’alimentation en eau potable. Voici l’intervention de la conseillère écologiste du canton d’Argenton :
Ce schéma aurait nécessité d’être travaillé en commission spécifique et élargie à l’ensemble des conseillers départementaux en amont de cette plénière. Nous regrettons l’absence de cette étape de travail qui aurait permis d’appréhender le SDAEP de manière globale et complémentaire au travail réalisé lors des COPIL qui a porté essentiellement sur le volet de la « sécurisation » des réseaux.
Comme vous l’indiquer justement en préambule, ce schéma à pour objectif de « répondre aux enjeux actuels et à venir dans le domaine de l’eau potable ». Et les enjeux sont de taille puisque le constat est clair, outre les difficultés liées à la raréfaction de la ressource, la qualité de l’eau dans notre département se dégrade considérablement ; avec une concentration accrue des pollutions diffuses (PFAS, nitrates) dans certains points du département. Sans qu’il semble à ce jour possible d’y remédier ou que des mesures efficaces soient prises pour endiguer ces pollutions.
Pour rappel, s’agissant du taux de nitrates, l’État vient de décider d’accorder une dérogation autorisant pour une durée de 3 ans le dépassement de la limite réglementaire des 50mg/l pour les eaux distribuée au robinet, concernant des captages d’eau potable à Déols et Buzançais. C’est un constat d’échec.
Vous annoncez un abondement du Fonds Eau à hauteur de 10M €. Nous saluons l’effort, dans le contexte de restriction que l’on sait. Toutefois nous souhaitons souligner le périmètre restreint voire exclusif pris en compte par ce fonds d’aide. Malgré l’aggravation de l’état sanitaire de la ressource en eau, ce schéma ne témoigne pas d’une volonté d’agir sur la qualité de l’eau à la source et de prévenir les pollutions diffuses. Il s’agit pourtant d’un enjeu de santé public.
Bien sur nous enjoignons l’État à prendre les mesures qui relèvent de sa responsabilité, au regard de la détérioration continue de la qualité de l’eau sur les captages du département dit « Grenelle » (captages d’adduction en eau potable les plus menacés par les pollutions diffuses), afin de réduire drastiquement la pollution par les nitrates.
Et nous n’en attendons pas moins du département dans sa capacité à être un acteur de la reconquête de la qualité de l’eau sur le territoire. En termes de prévention, l’aide du département se limite à financer des études préalables concernant les Aires d’Alimentation de Captage ou les périmètres de protection des captages. Notre proposition serait qu’une partie des travaux prescrits soient également éligibles au financement afin de faciliter le passage à l’action des collectivités et syndicats.
Par ailleurs, l’agence de l’eau soulignait lors du dernier COPIL la place importante accordée à la restauration de la qualité de l’eau dans son 12ème programme de financement, notamment via le lien avec le milieu agricole ; mais vous ne vous saisissez pas de cette opportunité. Afin d’optimiser les dispositifs visant à limiter l’impact des pollutions d’origine agricole sur l’eau, notre proposition serait que le département abonde en financement les Mesures Agro-Environnementales C existantes sur les PPC (périmètres de protection des captages) et les AAC (Aires d’Alimentation des Captages) pour renforcer l’attractivité du dispositif.
Enfin, le SDAEP est proposé comme un outil d’aide à la décision. En ce sens les préconisations transmises par le bureau d’étude à l’ensemble des syndicats et collectivités, au titre de la « sécurisation » est très abouti et de grande qualité. Cela ne dédouane cependant pas le département d’investir à son échelle un rôle d’exemplarité en matière de préservation de la ressource en eau, et c’est ce que nous proposons :
- En initiant la gestion intégrée des eaux pluviales à l’échelle du réseau routier départemental
- En créant un fonds spécifique de financement des travaux de voirie qui prenne en compte la gestion intégrée des eaux pluviales.
- En accélérant l’instauration de zones de préemption au titre des ENS sur les espaces à enjeu « eau ».
C’est bien cela que nous attendions du schéma départemental d’aménagement en eau potable, un fil rouge qui donne une ligne directrice en mesure d’orienter l’ensemble des politiques départementales qui touchent de près ou de loin à la la ressource en eau du territoire.